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S.O.S Fantomes by Claude Côté

This article has been translated to English by Jacques Dulac. English Translation

Voir Magazine (Montreal), Fevrier 1993
By Claude Côté

S.O.S. FANTÔMES

Une quatrième visite en deux ans, un deuxième album très convaincant, John Campbell a réussi à vivre en harmonie avec ses démons et ses fantômes, son inspiration principale. « Je suis en harmonie avec la mort. J’ai d’ailleurs passé très près de la mort lors d’un accident de la route. Défiguré, je suis resté longtemps chez moi, reclus, à pratiquer sans cesse et à écouter Robert Johnson, Muddy Waters et compagnie. J’ai réalisé alors que la vie bluesman serait mienne. »

Campbell est en train de réaliser un des plus beaux coups que la scène blues ait connus depuis des années: une dose parfaite d’influences et d’innovations. Le bonhomme adore parler de son passé comme étant garant de son image de bluesman austère et mystérieux. Il raconte: « J’ai acheté la guitare de Lightnin’ Hopkins en 1982. Une vieille National steel toute rouillée. Tu sais, c’est un ‘‘fortune teller’’ qui, un jour, m’a dit que je prendrais possession d’un héritage musical important. Je me suis rendu à Houston, ne sachant rien de cette guitare. Le destin m’a guidé. »

Grand technicien, Campbell utilise une technique percussive semblable à celle de Bukka White, qui mise beaucoup sur la résonance. On en redemande. Questionné sur la différence entre son blues et celui de ses idoles, il répond: « Ces gars là, Hopkins, Johnson, et les autres, racontaient leur quotidien. Mon inspiration vient plutôt de ma vie en général. Je joue chaque concert comme si c’était le dernier. » Découvert au Lone Star Café à New York (« J’habitais Brooklyn, tout juste à côté d’une voie ferrée. Pour pratiquer convenablement, j’ai dû me procurer un ampli si je voulais m’entendre… »), Campbell ne chôme pas ces jours-çi. Une tournée de 230 spectacles en Amérique du Nord et en Europe, dont une bonne partie avec le grand Buddy Guy, et surtout, un nouvel album, Howlin Mercy sur étiquette Elektra, composé surtout de pièces originales qui ne mentent pas sur ses intentions: extirper le côté le plus sombre de sa personnalité et jongler, comme un savant fou, avec le bien et le mal. Sa version de Down in the hole de Tom Waits est tout simplement dans le mille. En prime, une cérémonie Hoodoo avec des crânes de coyotes, des plumes d’aigles, os et bruits de serpents à sonnette… Vous ai-je dit que notre homme est originaire de la Louisiane?

Pour le reste, Howlin Mercy (produit par son comparse Dennis Walker, ex-bassiste de Canned Heat et de Lowell Fulson) est un mélange imprévisible de blues acoustique et électrique toujours au bord du ravin. L’ivresse du risque quoi.

Copyright 1993 Voir (Montreal)


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Revised: November 18, 2020
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